DANIELLE GINGRAS
Née en 1962 à Montréal, Danielle Gingras y réside et y travaille. Détentrice d’un baccalauréat en design graphique (1996) à l’Université du Québec à Montréal, elle y a aussi complété des études de maîtrise en communication avec concentration multimédia interactif (2000). Plusieurs de ses réalisations, notamment le cédérom promotionnel de Luna produit parO’Vertigo (2002), de même que le catalogue sur cédérom d’art interactif Le corps de la ligne, les dessins d’Eisenstein de la Fondation Daniel Langlois (1999) lui auront toutes deux valu les prix d’Excellence dans le cadre du Concours Grafika.
Visionnaire, Danielle Gingras figure parmi les designers graphiques précurseurs de l’emploi du numérique dans les domaines des arts graphiques et de l’illustration. Les vertus de ce médium, encore sous-estimées par le milieu des arts, à la fin des années 1990 elle n’hésitait pas à y avoir recours pour créer des œuvres artistiques et personnelles. Alors qu’elle partageait ce grand espace de travail avec ses deux partenaires de DIA MULTIMÉDIA, petite entreprise en design graphique établie en plein cœur du centre-ville de Montréal, elle crée la galerie virtuelle et interactive Digital Image Art, afin de diffuser et de promouvoir sur internet ses créations en art multimédia. Un jour lui vint l’idée d’exposer, pour le plaisir, seize œuvres de création inédites et issues de sa production « parallèle ». Intitulée Béta morfose, cette exposition virtuelle solo montée à l’impromptu et qui aura séduit ses visiteurs, aura ramené Danielle Gingras à ses origines de créatrice, avant tout, d’artiste.
Depuis 2009, alors qu’elle retournait à sa première passion, soit la création en arts visuels, Danielle Gingras ponctue sa vie quotidienne d’exercices de réchauffement picturaux en dessin ou en peinture exécutés à l’issu de méditations. Attentive aux silences, aux voix intérieures qui surgissent de ce silence, elle en capte la beauté, l’éloquence avec le plaisir retrouvé de l’exécution « à la main », aux crayons et à l’acrylique sur toile.
Ayant recours à l’écriture automatique libératrice de messages inconscients, elle magnifie tout naturellement, spontanément, leur sens et leur graphie. Celle qui se qualifie d’artiste «urbaine» crée toujours selon une même constance d’esprit. Transformer les tapages en images : calmes, sereines, à la fois secrètes et parlantes. Se sont des moments privilégiés de bonheur vécus dans la simplicité qui s’expriment. C’est la gestuelle des délicieux tourbillons de la vie, sa poésie, ses mots. Ce sont des œuvres à contempler de loin, certes, mais aussi qui sollicitent notre rapprochement puisqu’elles invitent à y découvrir de près, voire en filigrane, des parcelles de textes dont les mots (maux secrets) dénoncent l’absurdité de notre société actuelle. Elle jette un regard lucide et critique sur les paradoxes de la vie et de l'humanité. On y décèle une poésie douce-amère, parfois crue, à la manière engagée de l'art de la rue ou de l'art performatif.
Texte : Céline Mayrand


